L'hôtel Nairac est édifié entre 1775 et 1777 sur des plans de l'architecte Victor Louis, auquel la ville de Bordeaux doit aussi le Grand Théâtre, pour le compte du négociant Pierre-Paul Nairac, l'un des principaux armateurs de la traite des esclaves organisée depuis Bordeaux entre l'Afrique et les Antilles.
Pierre-Paul Nairac vend son hôtel en juillet 1792 aux négociants associés Martell, Beumerth et Hertzog. L'édifice reste leur propriété jusqu'en 1801, date à laquelle il est cédé à Mme Reinhard.
L'hôtel devient en 1829 la propriété de la famille Goyeneche y Barreda, d'origine espagnole et péruvienne, et abrite le consulat du Pérou de 1842 à 1844. En 1850, les deux derniers frères de la famille vendent l'immeuble à Mme de Carayon-Latour qui en fait don à sa fille, épouse de Louis-Octave de Curzay. L'édifice est alors connu des Bordelais, pendant 75 ans, sous le nom d'Hôtel de Curzay.
La société Soula acquiert l'hôtel en juillet 1924. Il perd alors son statut de lieu d'habitation pour devenir un siège de société.
L'immeuble est réquisitionné en 1943 par la police de Vichy pour héberger la brigade régionale de sûreté. A la Libération, il est restitué à la Société bordelaise de crédit industriel et commercial (qui avait fusionné avec la banque Soula), laquelle y loge ses services administratifs.
La cour administrative d'appel de Bordeaux s'est installée dans l'hôtel Nairac, loué par l'Etat et entièrement restauré, le 23 décembre 1999.
Eu égard à ses origines et son histoire, ce bâtiment est un rappel permanent, pour ceux qui y travaillent, magistrats et agents de greffe, comme pour ceux qui le fréquentent, avocats et citoyens, de la nécessité de préserver les droits et la dignité de la personne humaine.